Jean-Michel LINFORT

Né le 16 octobre 1945 à Périgueux, il vit et travaille À Notre-Dame de Sanilhac où ses  parents furent parmi les tout premiers fraisiculteurs de la Dordogne .

Élève de Maurice Albe au lycée d’État de Périgueux, il est l’un des fondateurs, en 1963, de « L’ŒUF », le journal des lycéens et lycéennes.

Il entre au service de l’État à l’âge de 19 ans et rejoint plus tard le ministère de l’agriculture où, à la Direction de l’Aménagement , il occupera notamment les fonctions de Chef du Bureau de l’installation des agriculteurs. Haut fonctionnaire aujourd’hui retraité, comme Administrateur civil hors classe et sous-préfet hors classe, il a représenté la République dans de nombreux postes territoriaux et préfectoraux (le Loir-et-Cher, la Marne, La Gironde, le Lot-et-Garonne, le Gers, le Tarn-et-Garonne et L’Orne).

Conjuguant son intérêt pour le service de l’État et sa passion pour la peinture, le ministère de l’intérieur l’accepte dans ses activités picturales et, dans une configuration inédite, sinon atypique et insolite, advient à l’admettre comme le nouveau « sous-préfet aux champs » des temps modernes .Nommé directeur régional des affaires culturelles de la Corse, il a  exercé diverses fonctions de chargé de mission pour la réindustrialisation à la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action Régionale (il suit alors  le dossier Marbot-Bata), puis au Commissariat général du Plan où il a été en charge de l’éducation et de la culture. 

Dans une autre vie, il s’est fait peintre terrien et écrivain chantre du terroir en creusant son sillon autour des mêmes préoccupations : le crépuscule des campagnes, l’amenuisement de la ruralité dans nos sociétés, l’affaissement de la racine paysanne, la crise d’identité du paysage et des territoires, l’esthétique des terres perdues après la fin des paysans.

Ancien élève de Diebold (finaliste du Grand prix de Rome 1956) aux ateliers de la Ville de Paris, il est l’auteur de plus d’une centaine d’expositions personnelles à Paris et en province. Il a notamment été sélectionné dans le cadre de manifestations d’art contemporain au Muséum d’Histoire Naturelle à Paris, à Caen et à Nice.

Présent dans différentes galeries (notamment la galerie Nicolas Deman à Paris et le centre d’art Cristel à Saint-Malo), son œuvre a fait l’objet de plusieurs  rétrospectives accompagnées de publications. Ce fut le cas lors du bicentenaire du corps préfectoral en 2000 au Ministère de l’Agriculture (Vers où s’en va la terre) et à deux reprises aux Archives départementales de la Dordogne (Sudrat, la ferme ensevelie etArchéologie du terroir) qui soulignent la place de la petite mémoire des campagnes. 

Après avoir obtenu plusieurs médailles et récompenses pour ses dessins dans des expositions interministérielles (salon Agra) à Paris, sa première exposition en Dordogne au château des Bories en 1987 ne passe pas inaperçue : elle est chroniquée de façon élogieuse par le journal « L’Agriculteur » qui lui consacrera également, en 1992, sa dernière page en couleur à l’occasion de l’exposition consacrée au « Murmure des Blés ».

A partir des années 90, il entame sans relâche, et durant plus de trente ans, une série d’expositions thématiques qui multiplient les points de vue sur sa vision déchirée des campagnes à la marge et participent, hors du champ périgourdin, à la diffusion de son travail en étroite relation avec l’action culturelle des collectivités locales.   

Grand prix du jury à la Biennale de la Société des Beaux-Arts du Périgord, l’Académie des Lettres et des Arts du Périgord en fera aussi son lauréat pour l’ensemble de son œuvre peint.

Certaines de ses œuvres sont restées particulièrement en mémoire : La Marmandie, un très grand format, installée dans l’escalier d’honneur de l’hôtel de ville de Marmande ; une  série de douze paysages gersois qui décore la grande salle de l’intendant d’Etigny à la Préfecture du Gers. Parmi de récentes acquisitions publiques, on citera celles  de la mairie de Coulounieix-Chamiers, de Boe, du musée Voulgre de Mussidan et de la ville de Castillon-la-Bataille.

La fin de la civilisation paysanne au temps des Trente Glorieuses, qui n’a cessé de marquer    sa peinture, est au cœur également de son œuvre littéraire, éclairée par une poétique sensible et émotionnelle : c’est celle des choses de la terre et de la culture mémorielle d’un passé paysan dont  l’imprégnation est en voie d’effacement inéluctable. Chroniqueur régulier  au Journal du Périgordpendant plus  de 10 ans et jusqu’à la disparition de ce dernier, où il confesse une vision lyrique et décalée du terroir périgourdin, il a auparavant collaboré à différentes revues dans le même esprit, qu’il s’agisse  du Journal du Chasseurou de la revue Gascogne. Aux côtés notamment de l’écrivain Alain Vircondelet, avec lequel il se lie d’amitié, il sera membre de l’école littéraire du Gers et participera à l’ouvrage collectif «le Gers, une passion partagée ». Il illustrera également une pièce de théâtre de  Philippe Campa consacrée à « L’Histoire de L’Armagnac » et l’ouvrage de André Diviés sur   l’histoire du circuit célèbre de Nogaro.

De retour en Dordogne, il entame de nombreux travaux plongeant dans l’imaginaire rural. La poétique baroque et romantique des vieux outillages agricoles l’inspire. Il publie alors Éloge du vieux tracteur, un « beau livre » qui est salué chaleureusement par la revue Le Chasseur Français

L’inventaire de la mémoire artistique du Périgord qu’il mène à la suite dans une réflexion inédite le pousse vers des travaux de longue haleine qui vont donner naissance à des ouvrages de référence sur l’art en Périgord.

.Ce sera Le Périgord des peintresparu chez Fanlac, couronné par l’Académie des Lettres et des Arts du Périgord, ou encore L’âme du hameau ou le Périgord des fermesà propos duquel Claude Michelet, son préfacier, écrira : «mais parce que j’en ai lu beaucoup et ce, depuis mon enfance, c’est, je dois le dire, la première fois que je trouve un guide et un auteur aussi passionnant, pédagogue et érudit que l’est Jean-Michel Linfort. »

Admirateur de Maurice Albe, Il a également approfondi  ses travaux spécialisés sur la peinture périgourdine dédiée au terroir en co-rédigeant l’ouvrage sur « Lucien Maleville » (Le Festin ) récompensé par l’Académie Nationale des Lettres et des Arts de Bordeaux.

Attaché au grandes nostalgies de l’enfance, il a publié plusieurs ouvrages sur l’histoire culturelle et artistique du tour de France, bénéficiant à chaque fois des préfaces amicales de Jean-Marie Leblanc et Christian Prudhomme, ancien directeur ou directeur en titre de la Grande Boucle. Emblématique, Le grand livre des illustrateurs caricaturistes et dessinateurs du tour de Francea exigé plus de trois années de recherche et obtenu le prix Lacoste du « plus beau livre sportif », décerné par l’Association des écrivains et journalistes sportifs présidée par Benoit Heimerman  du journal L’équipe, qui lui fit remis par la ministre des sports. Cet ouvrage sur la mémoire de la presse sportive et le patrimoine  cycliste fut salué  comme un « véritable chef-d’œuvre » (Vélo-Star).

Encouragé par son ami Christophe Penot qui en fait l’invité d’honneur du prix Chany, proche du dessinateur Lem de L’Équipe, avec lequel il produira La BD du Cyclisme, il a consacré de   nombreuses années à l’exégèse approfondie de l’œuvre du dessinateur René Pellos, considéré comme le plus grand dessinateur sportif de tous les temps. Ses ouvrages, comme  Pellos  et les 30 glorieuses du tour de France, publié avec l’aide du. Conseil général du Tarn-et-Garonne  et la ville de Castelsarrasin, et Pellos et le meilleur du tour de France, publié à Vents D’Ouest, témoignent de la place du dessin sportif dans la mémoire cycliste. D’autres ont été publiés avec la complicité amicale de Jean Tibéri, dernier scénariste de Pellos  pour les Pieds-Nickelés, comme A vous la route du tour, tous des artistesqui porte la marque de son propre travail d’illustrateur sportif. Un trait souvent mélancolique que l’on retrouve  dans  d’autres albums : L’escalier des Géants, en hommage à l’’épopée du tour aux Pyrénées, à l’escalade des cols et aux premiers photographes que saluent  d’éminents historiens du sport comme Jean Durry , Cristophe Penot ou Serge Laget, ou encore La Légende du tour en Périgord (Ifie Editions Périgord ). Ce dernier ouvrage, entièrement illustré par ses soins, revisite les figures emblématiques que furent Petit Breton et Valentin Huot. Christian Prudhomme et Jean- Marie Leblanc y rendent hommage aussi à son auteur : « C’est enfin l’estime que nous portons à Jean-Michel Linfort  pour l’ensemble de son œuvre. Il est tout à  la fois poète, essayiste, historien, dessinateur, pastelliste, qui nous a offert l’occasion d’un hommage appuyé, lui qui verra ce tour 2014 visiter pour son plus grand bonheur ses terres   périgourdines. S’il admire les rudes efforts que nécessite le cyclisme, et s’il en admire également les champions, notre ami est aussi – surtout ? – le chantre de la terre et de la ruralité ». D’une même voix, nos préfaciers poursuivent : « Né plébéien, et même « glébéien » – qu’on nous permette ce néologisme par rapport à son attache à la terre – Jean-Michel Linfort n’en fait pas moins partie de ces hommes à vocation multiple qui avec des phrases et des pinceaux donne pleine résonance à ce constat selon lequel le tour ne serait pas le tour sans les mots qui l’exaltent puisque pour exister la légende a besoin de chroniqueurs… Le Périgord et le tour de France ont de la chance.  »

Ses peintures sur le tour de France en 2014 seront exposées simultanément au Musée d’Art et d’Archéologie de Périgueux durant sept mois  (Les pluies jaunes de Tourny) et au centre culturel de la visitation (L’Art du tour). Ses œuvres consacrées à « La Ruée des cols » ont de leur côté été présentées à Luz-St-Sauveur et au Musée de Luchon.

Il lui arrive de faire ses gamme dans la presse régionale. Il illustre ainsi à différentes reprises dans les colonnes de la Dépêche du Midila tauromachie et le passage du tour de France dans  la région.  Flatteuse reconnaissance par la reproduction de ses œuvres, il  figure dans les grandes anthologies de l’ÉQUIPEconsacrées  à « l’histoire du maillot jaune » ou à l’épopée de la grande boucle comme « Jours de gloire ».

Le festival du dessin sportif de Saint-Just l’expose aux côtés plus grands dessinateurs sportifs de la presse dont  Pellos, Chenez, Blachon et Bridenne.

Il crée de même aux Éditions d’Art Cristel une série de lithographies de prestige,Les Magnifiques, consacrée aux grands champions cyclistes et accompagnée de textes d’auteurs prestigieux dont Eric Fottorino. Il devient l’illustrateur avisé de Vélo-Star, la revue officielle de l’Amicale du Cyclisme.

Il ne délaisse pas les sujets d’ordre historique ou sociétaux avec la Revue politique et parlementaire qui a  publié occasionnellement ses recherches  sur la «Fonctionnarisation croissante des exécutifs locaux » tandis qu’il participe régulièrement aux travaux de la Société archéologique  et historique du Périgord  et à sa revue, dont il a fait la couverture à plusieurs reprises, Il apporte naturellement ses contributions aux publications de l’Académie du Périgord (Figures du PérigordAmoureux du Périgord),   à celles des Archives départementales (Mémoire de la Dordogne : L’Histoire du Tour de France : Quels rapports au patrimoine Périgordin ?) de la Société d’Histoire  du Périgord Noir(sur les travaux de Mendras au sujet de la fin des paysans) ou encore  à la revue du Bournat, qui accueille également  ses dessins.

Ses nombreux amis auteurs le sollicitent. Il participe à des ouvrages collectifs autour de José Santos-Dusser et Alain Bernard sur la truffe et le pâté de Périgueux, de Jean-Jacques Gillot avec Le Périgord d’une guerre à  l’autrequ’il illustre également, et de Pascal Serre avec  Francs-maçons en Dordogne 1717-2017, où il dresse le portrait de Maine de Biran. La Préfectorale rattrape cet ancien membre de l’Association du Corps Préfectoral et des hauts fonctionnaires du ministère de l’intérieur et aussi ancien conseiller municipal de Notre-Dame-de-Sanilhac.

En 2017, il s’intéresse en effet à l’histoire de l’État en Dordogne et de sa représentation de 1800 à nos jours, reconstituée pour la première  fois  avec La Valse Préfectorale ou l’histoire méconnue de préfets de la Dordogne, publié aux Editions Les Livres de L’Ilôt.

Il publie également, avec notamment Gérard Fayolle, Mai 68 en Dordogne, les heures chaudes. Deux de ses derniers ouvrages sont en cours de finalisation : Les Préfets et la Littératureet L’art d’être sous-préfet ou la République buissonnière.

En novembre 2018, la ville de Boe a accueilli son expositionPaysages en crise :utopie et dystopie. En juillet 2019, la ville de Sorges accueille son exposition Au bonheur des Trente Glorieuses. La ville de Coulounieix-chamiers l’acceuille à de nombreuses reprises dans sa galerie où il présente ses recherches sur les falaises de la Vézère.

La ville de Sarlat l’invite à exposer dans sa rétrospective sur La ronde des paysagesqui  confronte Albe et Maleville aux artistes d’aujourd’hui.

L’approche de l’histoire contemporaine du Périgord à travers la photographie ou le cinéma amateur qu’il a pratiqué dans sa jeunesse va renouveler en profondeur la représentation et l’image quasi-inépuisable qu’il se fait des campagnes laborieuses et modestes qu’il a toujours connues et vénérées. 

En 2008,Il a publié chez Fanlac Sudrat,la ferme ensevelie, qui apporte un témoignage exceptionnel et personnel sur un sujet universel : les derniers instants de l’une de ces toutes dernières petites exploitations familiales en Périgord qui ont été laminées dans la voracité du siècle finissant.

 À la fin de l’année 2017, il a publié  La Nuit Paysanne ou l’adieu des paysans aux Trente Glorieuses » à l’appui de ses archives personnelles et familiales, accompagné d’un film documentaire éponyme réalisé à partir de ses films de jeunesse. L’un et l’autre fondus dans l’essence même d’un pays – son arrière-pays – évoquent ces années charnières où l’exploitation agricole traditionnelle vivait ses dernières heures, à l’image d’un vieux pays écartelé pour sa survie entre archaïsme et modernité. Le musée Voulgre de Mussidan acceuille pendant plusieurs mois son exposition sur Paysans & Paysageset ses travaux sur la Double. Avec des questionnements nouveaux au cours de ces dernières années, il a reconduit la question des territoires ruraux à travers des préoccupations nouvelles comme le lien rompu avec la nature et la crise climatique. Il consacrera une exposition aux états paysages en crise avec Thierry Selem à Bim’art, à Boulazac-Isle-du-Manoire.

Avec Le peuple des granges, une aventure photographique en Périgord, publié en 2020 avec Claude Lacombe et une préface de Michel Testut, il  poursuit l’exploration de l’iconographie des campagnes périgourdines.

Il a succédé à Gérard Fayolle à la tête de l’Institut Eugène Le Roy, crée par Xavier Darcos en 1999.

Fortement marqué par l’observation d’un phénomène céleste inexpliqué classé secret-défense, il publiera Périgord, terre d’ovnis et de science-fiction et aborde la BD de science-fiction avecAstres et désastres en Périgord puis Périgord, neuvième planèteet Le périgord et les Aliens.

La télévision régionale (FR3 Centre, Champagne-Ardennes, Aquitaine) et la télévision nationale (journal télévisé de France 2) ont rendu compte régulièrement de ses expositions ou présenté son travail.

En 2021, son œuvre sur le tour de France fait simultanément l’objet de deux expositions à l’Hôtel du Département et aux Archives Départementales du Lot-et-Garonne.

Le Centre Culturel de la Visitation à Périgueux accueille durant tout l’été  2021 ses derniers travaux  sur les paysages ruraux.

Jean Michel Linfort, ancien sociétaire des gens de lettres, est Chevalier de la Légion d’honneur, Chevalier de l’Ordre national du Mérite, Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres et Officier de l’Ordre du Mérite agricole.