Gérard FAYOLLE nous a quittés…

Nous venons d’apprendre la disparition de Gérard FAYOLLE, Président d’Honneur de notre Académie après en avoir été longtemps Vice-Président au côté d’Annie Delpérier.

Il repose actuellement au funérarium du Bugue, où ses obsèques seront célébrés mercredi 13 août à 10 heures, en l’église Saint Sulpice.

Vous pourrez lire ci-dssous le texte que notre actuel Président à écrit avec sa sensibilité coutumière pour lui rendre un dernier hommage, et auquel s’associe de tout cœur l’ensemble de notre institution :

Pour saluer Gérard Fayolle

le Périgourdin absolu

 

« Un jour, au Bugue, je n’avais pas choisi mon guide, j’avais pris le meilleur qui puisse exister en ces lieux : Gérard Fayolle. Je suis passé au travers de ses mots, de ses livres et j’en suis revenu convaincu d’avoir découvert un pays qui est la merveille des merveilles. Je dois vous avouer, pour être parfaitement franc, et ceux qui me connaissent le savent : je m’enthousiasme volontiers lorsqu’on me dit du bien du Périgord. Et quand Gérard Fayolle faisait le guide, parlait de sa Vézère, il parlait d’un cours d’eau plus vieux que le Tigre et l’Euphrate, plus disert que le Nil lui-même…”Les falaises qui dominent la Vézère, comme celles du fleuve d’Egypte sont creusées de tombes… Mais ici, c’est en dizaine de milliers d’années que nous évaluons, comme le dirait François Augiéras, le voyage des morts. De même, les animaux gravés ou peints, des millénaires avant ceux de Babylone et de Ninive, ont aussi bien conservé l’élan et la fraîcheur de la vie que ceux que les archéologues ont dégagé des sables du Moyen Orient”.Ainsi parlait Gérard Fayolle.

 Sur la Vézère, entre Limeuil et Larche, raccourci fabuleux de la si longue histoire des hommes, il y a le Bugue. Et le Bugue c’est la ville de Gérard Fayolle. Sa ville. Il est né là, il y a vécu la plupart de ses années, il en fut longtemps le maire, très naturellement ; tant d’amour ne trompe pas !  Alors les Buguois l’élisaient, mandat après mandat, tout naturellement.

Gérard Fayolle était Buguois comme d’autres sont bruns ou blonds, grands ou petits. D’ailleurs, les jours de marché, vous ne le distinguiez pas des autres Buguois, il était là, simplement, Gérard le Buguois parmi les Buguois. Le seul signe qui le différenciait, c’était le nombre de ceux qui venaient “lui toucher la main”. Si vous lui parliez de politique, il s’esclaffait. Il ne comprenait pas le mot au sens où vous l’entendez. Mais il comprenait très bien le mot vivre. La politique, pour lui, c’était l’art d’organiser la vie, faute de pouvoir la changer d’un coup de baguette magique. Il se méfiait des grands mots et des grands moyens, fuyait comme la peste les grands soirs et les grands jours. Il était sage des quelques milliers d’années qui ont fait des hommes d’ici ce qu’ils sont. Comme eux, il aimait la liberté, l’égalité et la fraternité. Comme eux, il était indépendant et enraciné, savait qu’il y aura encore longtemps beaucoup à faire pour les hommes de bonne volonté. Il ne voulait pas brader au profit de quelques passades de circonstance ce qui fait ici le bonheur des gens. Il savait que son pays est riche d’une profusion de choses simples et vraies où les hommes depuis longtemps puisent leur joie de vivre. Ces choses précieuses et fragiles sont hors du temps et sans doute en avance, car elles sont de celles que le monde moderne nous envie un peu plus chaque jour : des paysages parmi les plus tendres, des architectures si justes et si belles qu’il est à craindre que nos architectes en aient perdu les règles d’or des premiers bâtisseurs, et enfin un art de vivre admirable, dont, chaque été, toujours plus nombreux sont ceux qui viennent en chercher les secrets.

Comme celui dont l’exemple lui fit choisir la vie publique, Gérard Fayolle avait aussi, révérence gardée, une certaine idée de la France. Mais lui, c’était plus précisément une certaine idée de cette France rurale dont il s’était fait le défenseur. Chez lui aussi, le sentiment autant que la raison inspiraient son combat. Il savait que c’est bien dans cette idée de la ruralité que résident l’esprit et l’âme du Périgord, son “identité”comme l’on dit aujourd’hui. Nos collines, nos horizons ne seraient pas ce qu’ils sont sans cette belle harmonie rurale. Nous avons là un héritage fabuleux, laissé par la nature et nos ancêtres, qui sera demain, si nous savons le préserver, une source de richesses inimaginables encore. 

Merci, cher Gérard, d’avoir été le chantre, le gardien et l’amoureux de ce Périgord que nous essaierons d’aimer comme vous l’avez aimé. »

Michel TESTUT