Hommage à Paul PLACET

L’un de nos académiciens, Paul PLACET, s’est éteint le 25 janvier.

Notre président Michel TESTUT a tenu à lui rendre hommage dans ces pages :

POUR SALUER PAUL PLACET

Nous sommes nombreux à tenir Paul Placet pour l’un des meilleurs écrivains contemporains de notre Périgord. Eblouissant et singulier styliste, aussi rare que précieux, aussi pudique que secret, qui, par modestie – mais est-ce vraiment de la modestie ? – se parait du beau titre d’instituteur. Néanmoins, lecteurs pressés s’abstenir : les livres de Placet ne sont pas de ceux que l’on dévore à la louche. On les déguste à la petite cuillère. Je garde comme des talismans ses lettres lumineuses de poésie, d’humour, d’amour et de fidélité.

 Comment vous parler du style de Paul Placet ? Savez-vous la manière dont, jadis, de beaux artisans construisaient les bories, à pierres nues, à pierres choisies, admirablement appareillées sans mortier ni enduit, mais à pierres astucieusement imbriquées, joliment emboîtées ? Et bien Paul écrivait ainsi, à mots justes, à mots choisis, à mots choyés, subtilement imbriqués, délicatement appareillés. Et ça, Mesdames et Messieurs, ça vous fait de belles pages, aussi belles, aussi solides et appelées à durer aussi longtemps que les vieilles bories de la forêt de la Bessède. Du beau français où chaque mot, chaque assonance, chaque interjection, chaque césure, fait image, devient signe, donne sens, est grâce. Du beau français plein de rutilances poétiques, du bon français très savant et très pur et pourtant réinventé, où parfois, étrangement subliminal, semble affleurer le vieux parlé occitan. De son écriture puissante et poétique, Paul Placet est parvenu au plus profond et au plus spirituel de ce que peut exprimer la langue française. 

Dans ses livres, « Ecoute il Dit », « La belle endormie », « Dits du Chêne Noir », « Thomas, manant-prince-bienheureux », « Un Barbare en Occident », « La Chasse Fantastique » à quatre mains avec François Augièras dont il fut compagnon de route en littérature, Paul nous racontait, comme personne ne l’a fait avant lui, son Sarladais, …ce pays de moutonnements noirs, de collines aux lignes qui se lient pour serrer l’horizon. Nous, qui avons tendance à identifier le Périgord à son patrimoine matériel, à ses châteaux, ses églises, ses vieux villages, murailles glacées dans lesquelles nous nous plaisons à déchiffrer les messages d’un monde révolu, Paul Placet nous aidait à retrouver le message spirituel que ce pays a laissé en nous de bien vivant, bien au chaud dans notre inconscient et nos attitudes les plus quotidiennes. Lui nous parle d’un Périgord intemporel, universel, du Périgord éternel qui, disait Henry Miller, survit et survivra comme les rêves dont se nourrit l’âme humaine. 

                                                                          Michel TESTUT

                                                                        Mareynou, le 30 janvier2023